8 février 2008
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Village médiéval perché au sommet d'un éperon rocheux, Hattonchâtel est vraiment un lieu qui mérite le détour (Google Maps).
La vue qui s'offre à vous une fois là-haut est tout bonnement impressionnante. Vous dominerez la grande plaine de la Woëvre, ses champs et ses mirabelliers, vous surplomberez les vignes des Côtes de Meuse et le lac de Madine, et aurez une vue imprenable sur la butte témoin de Monsec située pourtant à plus de 10 km. Rien que pour cela ça vaut le coup d'y aller. Mais d'autres surprises vous y attendent...
En 860 (nous sommes alors à l'époque carolingienne, 17 ans seulement après la signature du Traité de Verdun) l'Evêque de Verdun, Hatton, trouve le panorama plutôt mignon et il décide alors de construire sa résidence principale sur cette bute. Comme il est plutôt du genre friqué, en guise de résidence il construira... un château fort et, prétentieux comme il est, il donnera son nom à cette cité : Hattonchâtel. Celle-ci deviendra au Moyen-Age la première forteresse de l'Evêché de Verdun et le siège ordinaire de sa cour des Grands-jours (une cour de justice). Hattonchâtel fût également le principal lieu où les évêques faisaient frapper la monnaie et ce jusqu'en 1546 (mais seulement lorsqu'elle n'était pas sage !).
En 1636, les méchants suédois qui avaient dévasté l'Abbaye de l'Etanche quatre ans plus tôt s'en prennent à Hattonchâtel. Le siège dure quinze jours et la ville est ensuite saccagée et brûlée (et après on nous vante les mérites du dialogue social dans les pays nordiques ! laissez moi rire !).
La ville subira ensuite les assauts de la Première Guerre mondiale et sera reconstruite par la bienfaitrice marraine du village, j'ai nommé la richissime américaine Miss Belle Skinner (1866-1928). Née Ruth Isabel Skinner dans une ville du Massachusetts qui portait le nom de sa fortunée famille (Skinnerville), elle contribua à l'effort de guerre en distribuant de grandes quantités de vêtements et d'argent. Se baladant dans les régions dévastées de l'est de la France en 1919, elle tomba amoureuse du village d'Hattonchâtel dont la totalité des infrastructures avaient été détruites et décida de l'adopter. Elle invita ensuite tous les riches américains à adopter leur petit village français et devint tout naturellement Présidente du "American Committee of Villages Libérés". Ce qui lui vaudra de recevoir du gouvernement français la Médaille de la Reconnaissance Française en 1919, et en 1920 la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur.
En tout elle déboursera un bon million de dollars pour reconstruire Hattonchâtel (château, école, mairie, lavoirs, réseaux électriques, etc.). C'est l'architecte normand Henri Jacquelin qui s'occupera du château de 1923 à 1928 et qui en fera l'ultime château "troubadour" de la Lorraine.
Bref, aujourd'hui Hattonchâtel est un bien joli village dans lequel il fait bon errer. Vous y découvrirez de superbes maisons à arcades gothiques, des lavoirs très... spéciaux, un monument aux mort sculpté par Ernest Nivet, une mairie tout bonnement splendide, un cloître du XIVe siècle et l'église collégiale Saint-Maur qui abrite un retable Renaissance en pierre sculptée polychrome de 1523 attribué à Ligier Richier. Et n'oubliez pas de faire le tour du village en empruntant le chemin de ronde !
Il ne vous reste plus alors qu'à visiter le musée Louise Cottin (grand prix de Rome en 1934) avant de vous poser enfin à la terrasse du petit bar-restaurant, à l'allure bien sympathique, idéalement positionné dans l'axe du Château.
Alors ? C'est pas tentant tout ça ?
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