3 février 2008
7
03
/02
/février
/2008
18:15
Juin 1916, le 137e R.I. s'apprête à lancer une attaque contre les lignes ennemies. Les hommes, pour la plupart originaires de Vendée ou de la Loire Inférieure, ont mis la baïonnette au canon car les munitions se font rares et les nuages de poussière soulevés par les bombardements allemands risquent d'enrayer les armes. Tout à coup, alors qu'ils s'apprêtaient à franchir le parapet, un obus allemand explose à proximité et 57 hommes sont ensevelis vivants par l'explosion, la terre ne laissant dépasser que les pointes des baïonnettes de ces valeureux soldats morts, debout, face à l'ennemi.
Voilà pour la légende.
L'histoire, elle, est un peu différente. Du 10 au 12 juin 1916 nos soldats bretons et vendéens essuient un bombardement intensif et repoussent à plusieurs reprises les charges allemandes à coup de grenades. Ceux qui ne réussissent pas à s'enfuir meurent les uns après les autres sous les balles, les obus et les gaz de combat. A court de munitions, les rares survivants sont faits prisonniers par les allemands. Les morts sont quant à eux rapidement enterrés dans une tranchée devenue inutile, des fusils plantés verticalement faisant office de croix pour indiquer l'emplacement de la fosse.
La légende fera pourtant le tour du monde grâce à la presse qui découvre le site après-guerre et qui le baptisera tout d'abord "Tranchée des fusils" (et oui, il n'y avait pas de baïonnettes dans la vraie histoire) avant de lui donner le nom plus évocateur de "Tranchée des baïonnettes". Un riche banquier américain, Georges T. Rand, frappé par la symbolique de l'histoire, fit un don de 500 000 francs pour que soit construit un mémorial au dessus même de la tranchée, dans le but de la protéger.
Des fouilles débutèrent alors en juin 1920 pour l'édification de ce monument et permirent d'exhumer 21 corps dont 14 seulement seront identifiés. Tous étaient allongés et désarmés, ce qui allait plutôt dans le sens des témoignages des anciens combattants du 137e RI, qui ont exprimé plus d'une fois leur mépris face à la création de ce mythe. Cela ne stoppa pourtant pas l'édification du mémorial qui deviendra tout à la fois un lieu de recueillement et une curiosité touristique. Les 14 corps identifiés furent inhumés dans le cimetière militaire de Fleury-devant-Douaumont avant d'être déplacés à l'Ossuaire lorsque le cimetière fût désaffecté. Les sept autres corps reposent toujours dans la "Tranchée" parsemée de répliques des pointes de fusils, leurs emplacements étant indiqués par des croix blanches en bois.
L'imposant monument de béton, conçu par l'architecte André Ventre, sera finalement inauguré le 8 décembre 1920 par le Président de la République, Alexandre Millerand, au bois Morchée (Google Map). La porte métallique qui donne accès au mémorial est quant à elle l'œuvre d'Edgard Brandt, ferronnier d'art, qui réalisera aussi en 1923 le brûloir en bronze où palpite la flamme sur le tombeau du Soldat Inconnu de l'Arc de Triomphe.
Articles connexes :
Voilà pour la légende.
L'histoire, elle, est un peu différente. Du 10 au 12 juin 1916 nos soldats bretons et vendéens essuient un bombardement intensif et repoussent à plusieurs reprises les charges allemandes à coup de grenades. Ceux qui ne réussissent pas à s'enfuir meurent les uns après les autres sous les balles, les obus et les gaz de combat. A court de munitions, les rares survivants sont faits prisonniers par les allemands. Les morts sont quant à eux rapidement enterrés dans une tranchée devenue inutile, des fusils plantés verticalement faisant office de croix pour indiquer l'emplacement de la fosse.
La légende fera pourtant le tour du monde grâce à la presse qui découvre le site après-guerre et qui le baptisera tout d'abord "Tranchée des fusils" (et oui, il n'y avait pas de baïonnettes dans la vraie histoire) avant de lui donner le nom plus évocateur de "Tranchée des baïonnettes". Un riche banquier américain, Georges T. Rand, frappé par la symbolique de l'histoire, fit un don de 500 000 francs pour que soit construit un mémorial au dessus même de la tranchée, dans le but de la protéger.
Des fouilles débutèrent alors en juin 1920 pour l'édification de ce monument et permirent d'exhumer 21 corps dont 14 seulement seront identifiés. Tous étaient allongés et désarmés, ce qui allait plutôt dans le sens des témoignages des anciens combattants du 137e RI, qui ont exprimé plus d'une fois leur mépris face à la création de ce mythe. Cela ne stoppa pourtant pas l'édification du mémorial qui deviendra tout à la fois un lieu de recueillement et une curiosité touristique. Les 14 corps identifiés furent inhumés dans le cimetière militaire de Fleury-devant-Douaumont avant d'être déplacés à l'Ossuaire lorsque le cimetière fût désaffecté. Les sept autres corps reposent toujours dans la "Tranchée" parsemée de répliques des pointes de fusils, leurs emplacements étant indiqués par des croix blanches en bois.
L'imposant monument de béton, conçu par l'architecte André Ventre, sera finalement inauguré le 8 décembre 1920 par le Président de la République, Alexandre Millerand, au bois Morchée (Google Map). La porte métallique qui donne accès au mémorial est quant à elle l'œuvre d'Edgard Brandt, ferronnier d'art, qui réalisera aussi en 1923 le brûloir en bronze où palpite la flamme sur le tombeau du Soldat Inconnu de l'Arc de Triomphe.
- Pour voir la propagande officielle de 1920 il faut aller là
- Pour la vérité historique il faut plutôt aller ici
Articles connexes :