31 janvier 2008
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Figurez-vous qu'au lieu-dit l'Etanche (Google maps) fut fondée en 1138 un monastère cistercien par Albéron de Chiny, évêque de Verdun (si je ne me trompe pas, le plus connu des cistercien étaient un gros chien poilu avec un tonneau autour du coup et répondant au nom de Saint Bernard). L'Evêque de verdun le confia (le monastère pas le chien !) en 1144 à Philippe, abbé de Belval-en-Argonne et membre de l'Ordre des Prémontrés, qui en fit une abbaye.
Pillée en 1632 (certains disent qu'il s'agissait de méchants suédois, d'autres parlent d'une horde de croates sanguinaires), elle restera abandonnée cinq ans. Si l’on exclut cette période, l'abbaye aura donc été occupée pendant 600 ans. Elle sera ensuite reconstruite de 1743 à 1770, puis vendu en 1791 et servira alors de ferme, la petite église au fronton baroque faisant office de grange. Les derniers abbés en place se seraient alors écrié "Mon Dieu !" avant de disparaître les uns après les autres.

Sur les conseils de Therion nous nous sommes donc garé au pied de l'église de Deuxnouds-aux-Bois (commune de Lamorville) et avons emprunté la rue de l'Etanche. La première chose que l'on remarque c'est que ça monte. En effet Deuxnouds et l'abbaye se trouvent tous deux au fond d'une vallée, mais il ne s'agit pas de la même vallée. Résultat : 275 m d'altitude au départ et à l'arrivée et un "pic" à 360 m entre les deux. Bref, on a les cuissots fermes depuis cette balade.
Après une petite demi-heure de marche nous arrivons donc en vue de l'Abbaye de l'Etanche. Ce qui frappe c'est son état de délabrement. Laissée à l'abandon, sans surveillance et sans aucune restauration depuis une dizaine d'années, elle semble être régulièrement visitée d'une part par des jeunes qui doivent improviser des soirées à l'intérieur (en témoignent les nombreuses fresques d'art néo-rupestre bombées à la fin du XXe ou au début du XXIe siècle), et d'autre part par des pilleurs de métal. Toute la zinguerie a en effet disparu, laissant le bâtiment à la merci des éléments, l'eau s'infiltrant partout. On en vient à se demander pourquoi la bâtisse conserve encore aujourd'hui son nom d'Abbaye de l'étanche...

Paradoxalement, la chapelle qui semble pourtant être la partie la plus ancienne de l'édifice est aussi l'endroit où l'on se sent le plus en sécurité. La voûte du XVIIIe siècle a été habilement colmatée à l'aide d'un grossier ciment du plus bel effet, et une ancienne ouverture, aujourd'hui condamnée, a été renforcée par un linteau constitué d'une poutrelle métallique délicieusement anachronique dans ce cadre roman. L'architecte des Bâtiment de France trépasserait sur place à la vue d'un tel carnage.
Et malheureusement, rien ne laisse présager une rénovation prochaine de ce bâtiment classé puisque le richissime propriétaire des lieux semble plus intéresé par la chasse et la défiscalisation auquel lui donne droit ce monument classé, et qu'aucune collectivité local n'a vraisemblement les moyens de restaurer ce monument en péril.
Bref, dépêchez-vous d'y faire un tour avant qu'il n'en reste plus rien...
Affaire à suivre...
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