8 juin 2008
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La Première Guerre Mondiale a laissé derrière elle une ligne de front dévastée. Un paysage lunaire de 120.000 hectares où la moindre trace de végétation avait disparu, constitué pour l'essentiel de trous d'obus remplis d'eau boueuse, d'amas de métal et de bouts d'hommes épars.
Sols bouleversés, villages détruits, munitions non explosées, pollutions au plomb, au mercure et aux gaz de combat... le coût d'une remise en état de ce territoire était tel qu'il fallut abandonner l'idée de lui redonner sa fonction d'antan, d'autant plus que d'innombrables corps étaient (et sont toujours) ensevelis en profondeur et que cet immense cimetière méritait d'être préservé.
Ce territoire, constitué essentiellement d'anciennes terres agricoles (et non de forêt comme certains le croient parfois), devint donc la propriété de l'Etat par une loi promulguée le 17 avril 1919. Les terrains furent achetés aux propriétaires dans un périmètre délimité en concertation avec les maires de l'époque. La "zone rouge" était née et fut ainsi nommée en référence à la couleur du trait sur la carte (et non à la couleur du sang).

Mais aujourd'hui encore, ces terres polluées ne sont toujours pas déminées. Henri Belot, responsable du service de déminage régional de Lorraine, explique par exemple que "la dépollution absolue des forêts de Verdun par détection électromagnétique est une quasi-impossibilité, du fait de la forte proportion d'éclats, de barbelés et autres ferrailles présentes dans le sol. Par ailleurs nombre d'engins sont enfouis sous le rayon d'action des détecteurs de surface. Pour dépolluer la zone des combats, il faudrait éliminer la forêt sur des dizaines de milliers d'hectares, décaper le sol sur une profondeur d'au moins un mètre, trier les terres extraites, et procéder à la détection électromagnétique des sols vierges ainsi mis au jour : ce serait une nouvelle catastrophe pour l'environnement, et aussi pour les finances de l'Etat."
En Meuse, le nombre de munitions neutralisées chaque année par les services de déminage est toujours impressionnant. Ce sont en effet plus de 100.000 kg de munitions et d'explosifs qui ont été traités au cours des années 2001, 2002 et 2003 (les trois quarts seulement étant imputables à la bataille de Verdun).
Dans tous les cas, rappelez-vous qu'il ne faut pas jouer avec les obus et les grenades rouillées que vous trouvez dans les bois. D'une part parce que c'est interdit, et d'autre part parce qu'il y a de fortes chances que vous ne puissiez plus venir sur mon blog lorsque vous aurez perdus vos mains.
Mais rassurez-vous, comme le dit Henri Belot :"nous n'avons pas d'exemple d'accident entièrement fortuit survenu à des promeneurs des champs de bataille. Tous les accidents de personnes survenus résultent de l'action délibérée d'une des victimes, et d'une faute impardonnable dans la grande majorité des cas".
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