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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 07:35
Buste de Charles Buvignier Après Armand et Isidore, passons au troisième et dernier frère Buvignier : Charles Jean Victor (1823-1902) qui, contrairement à ce que pourrait laisser penser cette photo, avait des bras.

Comme son frère Isidore, il a eu une enfance malheureuse ; non pas à cause de ses petits camarades mais à cause de ses parents qui ont eu la mauvaise idée de le faire naître un 1er janvier, le privant ainsi de la célébration de son anniversaire confondu avec les festivités du nouvel an. Il se vengera sur ses propres enfants en mourant un 24 décembre. Rien de tel pour vous gâcher les repas de Noël sur 3 générations !

Tout comme ses frangins, Charles était un républicain de gauche et il participa à plusieurs journaux républicains très engagés (Journal de la Meuse, Patriote de la Meuse, Franc Parleur de la Meuse, Démocrate de la Meuse). Il fut sous-préfet de Montmédy de 1848 à 1849. Il dut ensuite s'exiler lors du coup d'état bonapartiste de 1851 et ne rentra en France qu'après l'amnistie. Avec la chute du Second Empire et l'avènement de la IIIe République il put enfin brider de nouveaux mandats électifs, et comme il était vachement balèze il fut élu quatre fois de suite à l'Assemblée Nationale et à la Chambre des Députés de 1881 à 1894 avant de finir sa vie comme Sénateur.

Parallèlement à ses activités politiques il était également, depuis 1847, correspondant pour la Société Philomathique de Verdun (oui, promis je vais vous en parler bientôt) pour laquelle il avait publié quelques notes de recherche archéologique et où il se présentait comme un historien des lépreux et des pestiférés.

Tout cela lui vaudra un monument commémoratif à Montmédy (qui n'a pas résisté aux assauts de la première guerre mondiale), ainsi qu'une rue à Verdun (parallèle à l'avenue de Miribel).

Et le collège dans tout ça ? Me direz-vous. Et bien, il y a bien un buste de Charles Buvignier à l'entrée du collège... mais, car il y a un mais, ce n'est pas ce bon vieux Charly qui a donné son nom à cet établissement scolaire. Les apparences sont parfois trompeuses...

Mais alors qui ? Le père des gaillards ? Un fils ? Un frère caché ? Une épouse ? Un usurpateur ? Vous le saurez bientôt en lisant la suite des aventures du collège Buvinier ;-)

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 08:00
Façade du collège Buvignier de VerdunComme promis hier, voici la fabuleuse histoire d'Isidore Buvignier...

Isidore (1812-1860), malgré un deuxième prénom ridicule qui lui vaudra les moqueries de ses petits camarades de classe (Eusèbe), fera lui aussi une carrière politique. La France se trouve dans une période charnière de l'Histoire puisque la Monarchie de Juillet, dirigée par Louis Philippe, vient de tomber sur les barricades républicaines de la révolution française de 1848. Isidore, alors avocat, force les autorités de Verdun à reconnaître la République. Il est nommé sous-commissaire du Gouvernement provisoire à Verdun puis élu Représentant du Peuple de la Meuse en 1848. Membre de l'assemblée constituante, il participera donc à la rédaction d'une nouvelle Constitution pour la IIe République encore balbutiante. Laissez moi maintenant vous conter comment il faillit entrer dans l'Histoire.

Dans cette période troublée de l'Histoire de France où l'on changeait de régime politique comme de chemise il n'était pas rare que les prisonniers politiques soient menacés de déportation voire d'exécution. Dans ces conditions l'article 5 du projet de constitution proposait que "la peine de mort [soit] abolie en matière politique". Isidore Buvignier proposa alors un amendement visant à supprimer les mots "en matière politique" ce qui aurait eu pour conséquence d'abolir la peine de mort également pour les crimes de droit commun. Cet amendement sera soutenu par une brochette de députés parmi lesquels Victor Hugo, Lamartine, Ledru-Rollin, Edgar Quinet, Carnot et Waldeck-Rousseau (excusez du peu !). Mais bon... comme vous vous en doutez, l'amendement sera rejeté et il faudra attendre 133 ans avant que le projet d'Isidore Buvignier se concrétise. Et les lauriers seront remis à Robert Badinter.

Isidore passa le reste de sa vie à lutter contre le retour au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte et fut naturellement condamné au bagne à Cayenne lorsque ce dernier réussit son coup d'état en 1851 et instaura le Second Empire. Isidore se réfugia alors en Belgique et mourru quelques années plus tard en France d'une maladie contractée en exile.

Franchement, je trouve que ce Buvignier là mériterait bien d'avoir son nom gravé au frontispice d'un collège. Mais c'est sans compter sur le troisième frère Buvignier, Charles, dont je vous raconterai la vie demain...

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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 08:00
Collège et Chapelle Buvignier à VerdunIl y a quelques jours, me promenant rue Mazel, je me suis dit "tiens ! je n'ai pas encore fait d'article sur le collège Buvignier et sur la chapelle qui le jouxte". Ni une ni deux je prends cette photo qui montre à la fois la belle restauration de la façade de la chapelle et les jolies couleurs des briques du collège, puis je rentre dans ma demeure pensant écrire un article en quelques minutes.

Problème : après quelques rapides recherches je me retrouve face à trois frères Buviniers sans vraiment savoir lequel a donné son nom à ces établissements. Avant donc de vous en dire plus sur le collège et la Chapelle je vais donc vous présenter le premier des trois frères : Nicolas-Armand Buvignier.

Un petit tour dans wikipedia m'apprend tout d'abord que ce joyeux bougre de Nicolas-Armand (parfois aussi écrit Amand dans certains documents papier) fut en son temps un célèbre spéléologue. Si quelqu'un se souvenait de lui, on fêterait cette année le bicentenaire de sa naissance puisqu'il naquît en 1808. Elève de l'Ecole polytechnique, puis, de l'Ecole des mines, il fut ingénieur civil vers 1830 et s'intéressa aux affaires politiques de son département jusqu'à sa mort en 1880.

En 1833 il faisait déjà partie de la société Philomathique de Verdun, ce qui en fait un des plus anciens membres titulaires de cette société savante (dont je vous parlerai bientôt dans un autre article).

En 1842, il publia avec son ami l'ingénieur Clément Sauvage la Description de la géologie des Ardennes. En 1852, c'est la Géologie du département de la Meuse, accompagnée d'une carte géologique et d'un atlas paléontologique de 500 espèces qui paraissait. Et il fut le premier à établir une carte géologique sérieuse en Lorraine.

Comme je vous le disais quelques lignes au dessus, Nicolas-Armand Buvignier était également très intéressé par la politique, tant et si bien qu'au tout début de la IIIe république, en 1876, qu'il devint Maire de Verdun. Il le restera jusqu'en 1878, deux ans avant son décès.

Voilà un gars qui pourrais bien avoir donné son nom à un collège pensais-je immédiatement. Mais je décidais de poursuivre mes recherches... et bien m'en pris car son frère, Isidore, n'avait rien à lui envier.

Demain je vous raconterai donc l'histoire passionnante d'Isidore Buvignier...

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8 janvier 2008 2 08 /01 /janvier /2008 12:33
Henri Poincaré sur la plage en 1910Tout le monde connait ou a déjà entendu parler de Raymond Poincaré. Mais si voyons ! Président du Conseil et dixième Président de la République française, celui qui est né dans la Meuse, à Bar-le-Duc le 20 août 1860. Ca vous revient ? Bon.

Mais qui se souvient de son cousin Henri ? Personne ?

Pourtant si on fait un googlefight  entre les deux y'a pas photo. Henri l'emporte haut la main surtout qu'il a défrayé la chronique ces derniers temps. Alors je reviendrai peut-être sur Raymond dans un autre article, mais je vais me concentrer pour le moment sur le plus connu des deux.

Tout comme son cousin Raymond, Henri est l'arrière petit fils d'un célèbre zoologiste (Etienne Geoffroy Saint-Hilaire), et le petit fils d'un pharmacien (Jacques Nicolas Poincaré). Par contre ils n'ont pas le même père (sinon ils seraient frères). Léon, le père d'Henri, fut neurologue et doyen de la faculté de médecine de Nancy tandis que celui de Raymond était un avocat sorti de Polytechnique. Bref, tout cela pour dire qu'avec un arbre généalogique pareil ils auraient vraiment eu trop la honte de ne rien faire de leur vie.

Henri est né à Nancy (un petit village lorrain pas loin de Verdun) un samedi du printemps 1854. Il obtient son baccalauréat ès Lettres (mention Bien) le 5 août 1871, puis son baccalauréat ès Sciences (mention asez bien) le 7 novembre de la même année. Il faut dire qu'avec un zéro en mathématiques il pouvait difficilement viser une meilleure mention.

Tout va changer ensuite puisqu'il sera reçu en même temps à l'école Normale et à Polytechnique. Il choisira la deuxième dont il détient toujours à l'heure actuelle le record au concours d'entrée (avec un zéro pointé en dessin et 20/20 à toutes les autres notes). Sorti ingénieur des Mines, il préférera se consacrer à sa thèse de doctorat et deviendra Maître de conférence à la Sorbonne. C'est le début d'une intense activité qui va révolutionner le monde des sciences.

Fondateur de la Topologie algébrique (Merci papa et maman de m'avoir payé de longues études de mathématiques) on lui doit de nombreux travaux en Géométrie algébrique mais également en physique (électromagnétisme et radio, optique, fluorescence, théorie cinétique des gaz, théorie des quanta, etc.) et en astronomie (résolution du Problème des trois corps (équations définissant une espèce de système solaire simplifé composé de trois planètes)). Henri Poincaré sera ainsi à l'origine de la Théorie du Chaos et il peut être considéré comme le Père du Principe de relativité et le fondateur de la Relativité restreinte. Rien que ça !

Enfin, je ne peux pas conclure cet article sans évoquer la Conjecture de Poincaré qui fait partie des sept Problèmes du prix millénaire dont la résolution est assortie d'un prix d'un million de dollars et sur laquelle tous les mathématiciens du monde planchent depuis un siècle. Inutile de vous précipiter sur votre feuille et votre crayon, la démonstration proposée par Grigori Perelman a été validée l'année dernière.

Voilà, je crois que j'ai à peu près fait le tour du personnage. La photo que j'ai choisie pour illustrer cet article date de 1910 (2 ans avant sa mort à Paris) et provient du site de l'Université Henri Poincaré de Nancy (je trouvais ça plus marrant de le montrer en train de téléphoner sur la plage plutôt que posant dans son bureau l'air sérieux et entouré de bouquins).

Accessoirement on peut également noter que le journaliste Nicolas Poincaré qui "refait le monde" sur RTL est l'arrière petit-fils d'Henri.

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19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 13:02
Abris 320 près de l'Ossuaire de DouaumontLundi 21 février 1916 vers 7 heures, l'explosion d'un obus allemand dans la cour du palais épiscopal de Verdun marque le début d'une effroyable bataille qui s'achèvera le 19 décembre 1916. Il y a 91 ans jour pour jour.

La bataille de Verdun. Comment décrire une telle horreur ? Est-ce que vous pouvez imaginer deux millions d'obus qui tombent sur un front de 15 kilomètres en deux jours ? La fameuse cote 304 va perdre 7 mètres de hauteur et ne plus culminer qu'à 297 mètres ! 700 obus par minute, 11 obus par seconde, que l'on entendait exploser jusque dans les Vosges à 150 km de là.

Le terrain avait été tellement bien "préparé" par l'artillerie que les allemands eux-mêmes avaient du mal à progresser malgré leur écrasante supériorité numérique. Contre toute attente le front se fixa et la guerre de position fit rage pendant dix mois. Dix mois de sauvagerie et d'atrocités dans la boue et la neige, sous une pluie de 20 millions d'obus (dont un quart n'ont pas explosé). L'ère industrielle amènera avec elle les lance-flammes et des gaz de combat.

Dix mois et plus de 700 000 victimes dans les deux camps, blessées, défigurées, handicapées à vie ou tuées. Cent victimes par heure pendant trois cent jours, 24h/24. Tout cela pour quelques kilomètres carrés d'une terre devenue morte et sans vie.

A elle seule cette bataille pourrait symboliser toute l'absurdité de cette guerre, toute l'absurdité et le gâchis de toutes les guerres. Quatre-vingt onze ans après la bataille de Verdun, si la forêt a repoussé, on constate que les séquelles de guerre sont loin d'être réglées. Les sols de la zone rouge sont toujours pollués, et pour longtemps encore.

L'état major allemand analysa sa défaite et conclut que le manque de véhicules motorisés avait été la cause de cet enlisement du conflit. C'est ainsi qu'en 1940 il engagea ses Panzers dans la bataille et prit Verdun en vingt-quatre heures.

Qui a dit que les hommes ne savaient pas tirer des leçons des erreurs du passé ?

  • PS : Merci à Phosie la petite anglaise qui m'a appris que cette date existait ;)
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11 décembre 2007 2 11 /12 /décembre /2007 17:39
Le groupe de punks VerdunOubliez tout ce que vous savez sur Verdun. Verdun la Glorieuse, symbole de la résistance à l'ennemi. Verdun, Champs de bataille où se sont à jamais endormis les Héros défenseurs des valeurs de la Patrie. Verdun, symbole de la France Eternelle, fille de l'Eglise et de ses fondements spirituels. Oubliez tout cela et parlons un peu... de l'anarchie.

Et oui, vous ne le savez peut-être pas mais Verdun n'est pas seulement le nom d'une charmante bourgade meusienne ou le titre d'une chanson de Michel Sardou, c'est également le nom d'un groupe de punk qui a écumé tous les squats de France dans les années 80 (oui, pendant que vous dansiez le Jerk en vous demandant "Mais où sont passé les gazelles ?").

Bref, le groupe voit le jour en 1981 et il choisit le nom d'une des plus grandes boucheries humaines pour affirmer son anti-militarisme. Affublé d'un look clouté et de maquillages "Bat-cave" le groupe trouve rapidement son public. Fait exceptionnel pour la scène punk de l'époque : le chanteur est une chanteuse (Eva Nouïe), et le groupe se démarque des "punks à bière" par l'engagement politique des paroles (jugées parfois "provocatrices", voire "arrogantes"). Une chose est sûre, s'ils n'ont raisonnablement pas été gratifiés d'un premier prix de conservatoire, ils sont sûrement incollables sur les grands théoriciens anarchistes, et l'énergie qu'ils dégagent sur scène est impressionnante.

Leur style, qualifié de psychédélique (du grec "révélateur de l'âme") par les fanzines de l'époque, va progressivement évoluer vers un punk plus rapide et plus classique mais toujours aussi politisé. Parallèlement aux concerts qu'il enchaîne en France, en Europe de l'Est et aux Etats-Unis, le groupe sort 5 vinyles (45 et 33T) et il apparaîtra sur une dizaine de compilations avant de splitter au début des années 90. L'oeuvre de Verdun étant intégralement libre de droit on retrouve leur trace dans une compilation très récente, dédiée à Eva, et intitulée "Le DIY ou la mort" (2 CD, 40 groupes, et un fanzine de 64 pages au format A4 qui retracent l'histoire du mouvement anarchopunk en France de 1984 à 2006, le tout pour 8 € !). Et pour les plus curieux d'entre vous qui veulent savoir ce qu'est le DIY il faut aller sur wikipedia.

Mes recherches sur Verdun et l'anarchie m'ont également conduit à une autre découverte étonnante. Figurez-vous que le 27 mai 1890 la Capitale de la Paix a vu naître... roulements de tambours... André René VALET. Je vous entends déjà huer. "Bouuuhh ! c'est qui c't'inconnu encore ??". Et bien cet inconnu comme vous dîtes était un des 13 anarchistes illégalistes de "la Bande à Bonnot". Etonnant, non ?

Et puis, concours de circonstance, j'ai lu cette info sur le site de l'Est Républicain :

Centre Mondial de la Paix
jeudi 13 décembre à 20h30
Café Philo animé par Arnaud Georges sur le thème
"Que vise réellement l'anarchie ?"

C'est marrant que cette conférence soit animée par un homonyme de Georges Arnaud,  l'écrivain anarchiste qui a écrit Le Salaire de la peur ...
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Philippe Burlet

Un artiste verdunois qui roule des mécaniques

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